Nous plongeons donc dans l'uchronie ici avec un point de divergence très excitant pour tout amateur de l'Antiquité : et si Alexandre avait survécu ? L'angle choisi par Negrete est de confronter la puissance bien établie de cette période (l'empire d'Alexandre sous une forme consolidée) et la force émergente du moment (Rome donc). C'est sans doute le biais le plus excitant de l'uchronie, à savoir proposer un conflit impossible, mais diablement grisant.
Pourquoi est-ce si emballant ? Car l'ont fait face à deux monuments de leur temps, aux stratégies diamétralement opposées, mais au but commun. Quand l'auteur réussit en plus à rendre très crédible historiquement l'uchronie proposée, on ne peut que se réjouir.
Pour le contenu historique, le trop est parfois l'ennemi du bien, mais quel plaisir de rencontrer une plume érudite sur l'histoire de l'Antiquité. Javier Negrete aborde l'astronomie antique, la philosophie, la guerre ou la littérature avec luxe de détails. Si ce point peut faire peur au néophyte, il est mené de main de maître.
Plus amusant, l'auteur espagnol a manifestement vu le film
Alexandre d'Oliver Stone et y glisse quelques clins d’œil.
On suit donc divers personnages qui gravitent autour d'un médecin, Nestor (le sauveur d'Alexandre), du sauvetage à la tentative de conquête de Rome. La bataille annoncée dans le titre est le gros morceau du dernier tiers (plus de 80 pages) et se montre particulièrement réussie.
Seul regret : il apparait en fin d'ouvrage que ce ne devait être qu'un premier tome, dont nous n'aurons manifestement jamais la suite. L'intrigue principale du livre est donc résolue, mais les arc de certains personnages restent en suspens. Dommage